La discrimination et l’incitation à la haine doivent être reconnues correctement par les tribunaux

Communiqué de presse de l’Organisation suisse des lesbiennes (LOS), Pink Cross, la Fédération romande des associations LGBTIQ, et les associations vaudoises Vogay, les Klamydia’s et Lilith

La discrimination et l’incitation à la haine doivent être reconnues correctement par les tribunaux
Les organisations queer nationales et romandes saluent la condamnation du multirécidiviste Alain Gérard Robert Guy Bonnet (qui se fait appeler Alain Soral) pour diffamation, mais regrettent que le Tribunal de police de Lausanne n’ait pas retenu l’incitation à la haine homophobe dans sa décision. Elles estiment que l’essayiste d’extrême-droite a fait preuve d’une intention claire d’inciter à la haine homophobe et appellent le Ministère public vaudois à faire recours contre la décision du Tribunal.
Vendredi 16 décembre, le Tribunal de police de Lausanne a condamné Alain Bonnet pour diffamation suite à ses propos envers la journaliste Catherine Macherel – qui signe sous le nom de Cathy Macherel – tenus dans une vidéo largement diffusée et commentée. Les faîtières queer suisses et les organisations queer romandes saluent la condamnation pour diffamation et le courage de Catherine Macherel, mais déplorent que le Tribunal n’ait pas reconnu l’incitation à la haine homophobe dans son verdict. Elles ont ainsi écrit au Ministère public vaudois pour lui demander de faire appel et que l’article 261bis du code pénal, largement plébiscité en 2020 par la population suisse, puisse être appliqué.

“Nous estimons que les propos de l’incriminé incitent clairement à la haine et sont discriminatoires envers Cathy Macherel et plus largement envers toute la communauté queer. C’est d’ailleurs l’effet que ces propos ont eu, comme en témoignent les nombreux commentaires haineux publiés sous la vidéo, sur le site “Egalité & Réconciliation” d’Alain Bonnet.” relève Raphaëlle Guglielmetti, co-présidente de la Fédération romande des associations LGBTIQ.

Gaé Colussi, responsable pour la Suisse romande chez Pink Cross complète : “L’essayiste condamné pour diffamation est un multirécidiviste condamné 22 fois en France pour provocation publique à la haine ou à la violence. C’est d’ailleurs suite à sa condamnation à de la prison qu’il a fui en Suisse. Il n’en est donc pas à son coup d’essai, il sait très bien ce qu’il fait et le fait avec intention. Le Ministère public avait reconnu la gravité des propos tenus et agi en conséquence.”

“Le but d’une norme pénale, surtout si elle est entrée en vigueur aussi récemment, est d’inscrire un cadre qui protège la population et dissuade plus largement les infractions. Ne pas retenir l’incitation à la haine envoie donc un mauvais signal, et nous avons écrit au Ministère public pour lui demander de faire recours. En effet, la peine prononcée n’est pas assez dissuasive et constitue un précédent dangereux.” souligne Muriel Waeger, co-directrice de la LOS.

20 décembre 2022

Le 19:30 de la RTS

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