24Heures – 12 octobre 2015
Annoncer son homosexualité à ses proches reste difficile. VoGay fait campagne
Lorsqu’il évoque son coming out, Noé salue l’ouverture d’esprit de ses parents. «Je sortais avec des filles ; je n’imaginais absolument pas être gay. Tout a changé après un voyage aux Etats-Unis. Ma mère a été très réceptive, très compréhensive. J’ai de la chance.»
Le Coming Out Day a été célébré hier aux quatre coins de la planète. Cette Journée annuelle a été mise sur pied après la Marche pour les droits des gays et lesbiennes à Washington, qui s’est déroulée le 11 octobre 1987.
«Aujourd’hui, la société est plus acceptante, reconnaît Florent Jouinot, coordinateur des Projets Jeunes pour l’association vaudoise VoGay. Mais les actes et insultes homophobes restent fréquents. Les jeunes n’ont pas peur de perdre leur travail parce qu’ils sont homosexuels; c’est par leur entourage qu’ils craignent d’être rejetés. Le coming out est l’aboutissement d’un long parcours très stressant.»
Les bénévoles de VoGay ont fait campagne la semaine dernière pour sensibiliser les familles et faire connaître l’existence des Groupes Jeunes. «Distribuer des flyers a renforcé mon estime de moi-même et ma fierté d’être homo, témoigne Sacha, 19 ans. Il faut que les ados sachent qu’ils ne sont pas seuls.» Son coming out remonte à ses 14 ans. «Je viens d’une famille de Témoins de Jéhovah, donc c’est compliqué. Mes parents ne l’acceptent pas très bien. Je leur laisse le temps.»
Parfois, les choses se passent mieux que prévu. Lorsque Noémie s’est décidée à se confier à sa famille, l’adolescente subissait quotidiennement des agressions dans son école. «J’ai fait l’erreur d’en parler à une amie et elle l’a dit à tout le monde. Je me faisais insulter, taper à la fin des cours. J’ai appelé ma mère en lui disant: «Promets-moi de ne pas me mettre à la porte. Je crois que je suis lesbienne.» Elle m’a répondu : «Ah bon, ce n’est que ça ? Mais ça m’est égal!» Pareil avec mon père. J’ai changé d’école et tout s’est arrangé.»
Peur pour eux
Peur pour eux «Mes parents m’ont posé beaucoup de questions mais je ne peux pas leur en vouloir, explique Melissa. Ils ne connaissent pas alors ils ont peur. Ma mère flippait que je me fasse agresser dans la rue si je tenais la main à une fille.»
«Certains parents craignent que leur enfant soit la cible de violences, confirme Florent Jouinot. Les rejets familiaux sont très rares, heureusement. Le déni, par contre, est fréquent. Cette idée que «ça va passer»».
A la fin du mois, Renens accueillera la Semaine d’actions contre l’homophobie, la transphobie et le sexisme.
Texte: Marie Nicollier
Photo: Vanessa Cardoso