Communiqué de presse : la RTS livre une lecture simpliste et déformée des transidentités

COMMUNIQUE DE PRESSE

Temps présent : la RTS livre une lecture simpliste et déformée des transidentités

Lausanne, le 3 mars 2023 – Vogay, Association vaudoise pour la diversité sexuelle et de genre est navrée du traitement médiatique livré par l’émission Temps Présent sur la transidentité: « Détransition, ils ont changé de sexe et ils regrettent ». Le reportage diffusé ce jeudi 2 mars présente une lecture simpliste et déformée de la question complexe des transidentités et pose aussi des questions de déontologie.

Dans le Canton de Vaud les jeunes trans* et non binaires sont davantage la cible de harcèlement que les autres jeunes[1]. Dans un tel contexte de violences, il est fondamental que le traitement médiatique aborde ces questions de manière impartiale avec une méthodologie sérieuse sans alimenter les clivages existants. En l’occurrence, l’émission d’hier a laissé la place au sensationnalisme laissant croire à un effet de mode et passant comme chat sur braises sur les faits. Un tel traitement médiatique a des conséquences réelles sur les vécus des personnes concernées. « Trop souvent, des personnes non-concernées ou non expertes s’appuient sur ces contenus sensationnalistes pour s’autoproclamer connaisseuses des questions transidentitaires. Une telle émission renforce les stéréotypes et les violences ! » (Maximilien, président de Vogay).

Le Temps présent d’hier pose question sur la déontologie journalistique de l’émission tant par l’usage sans consentement des images d’une influenceuse trans*[2]  que par le refus de plusieurs expert·e·x·s à y participer. Le reportage laisse ainsi paraître une réalité faussée qui présente la transition médicalisée comme étant prise à la légère par les professionnel·le·x·s.

Ce tableau simpliste livré par l’émission ne reflète pas la réalité. En Suisse, les protocoles médicaux sont basés sur des standards internationaux de soins et les accompagnements sont individualisés. La prise en soin des parcours de transition médicale est assurée par un réseau de professionnel·le·x·s, de surcroît quand cette dernière concerne des mineur·e·x·s. Rappelons que le temps d’attente pour un accès à une hormonothérapie en Suisse romande pour des mineur·e·x·s est d’environ 2 ans.  A ce titre une étude met en lumière certains faits concernant l’hormonothérapie : « Dans l’échantillon, 12,6 % ont débuté un traitement d’hormonothérapie avant l’âge de 16 ans, plus de 44 % l’ont commencée après 16 ans et plus de 33 % aimeraient pouvoir la commencer ; le temps d’attente pour l’hormonothérapie étant en moyenne de deux ans. Seuls 8,4 % des répondants ne souhaitaient pas d’hormonothérapie »[3].

Vogay marque sa solidarité avec les personnes concernées et tient à remercier les expert·e·x·s du domaine pour leur travail d’accompagnement et de recherche. La Fondation Agnodice va publier sur son site un état des lieux des connaissances scientifiques sur les situations de discontinuité dans les transitions médicales.

* Personnes dont l’identité de genre ne correspond pas au sexe assigné à la naissance.

[1] Udrisard R, Stadelmann S, Bize R. « Des chiffres vaudois sur la victimisation des jeunes LGBT. » Lausanne, Unisanté – Centre universitaire de médecine générale et santé publique, 2022 (Raisons de santé 329).
[2] https://fr.style.yahoo.com/detransition-desinformation-fake-news-transphobie-095730065.html

[2] Medico D., Pellaton C. et Zufferey A., “L’affirmation de genre des jeunes trans et non-binaire en Suisse romande”. Médecine/science, n°2, vol 39, février 2023, page 160.